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25 octobre 2010

exposition IUFM Vesoul

    

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                 Détail de l’exposition Arborescences,IUFM de Vesoul, France, mai 2010

Les ramifications d’Estelle Régent

Au commencement étaient les arbres.

Les grands arbres d’avant. Ceux de ces tropiques primordiaux d’où naitront les curieux amphibies qui nous annoncent. Les arbres qui entourent dans toutes les représentations occidentales le paradis terrestre, ceux là même qui donnent à la fois la pomme et la feuille, ce qui fera choir l’homme et ce qui cachera son corps après sa chute ; ceux donc qui sont à la fois l’origine de toute nature et le signe culturel de l’entrée dans l’histoire.

L’arbre de Jessé s’inscrirait sans doute dans la même perspective, de là nous descendons tous, de ces patronymes-feuilles qui nous désignent comme rejetons d’une lignée à l’arborescence toute végétale.

Or,  cette inspiration là anime le travail d’Estelle Régent, et nul doute qu’il y a une dimension proprement mythique à cette jeune œuvre au sens du récit des origines. Les siennes d’abord dans cet enracinement terrien qui a permis à cette jeune pousse de grandir mais aussi dans sa recherche patiente et appliquée des métamorphoses et des connivences sans lequel il n’est point de vivant ni même peut être de réalité.

Filet d’ADN ou réseau à la perpétuelle et mouvante interactivité peu importe finalement ici la référence convoquée, ce qui compte, de  biologie en télécommunication, c’est de saisir le Grand Réseau dans lequel nous ne sommes pas plus spectateur extérieur que nous ne sommes à vrai dire promeneurs en forêt. Les arbres ne s’installent pas dans une tranquille étrangeté, mais leurs cris, parfois, nous agressent aussi fort que le chien maltraité dans une étrange solidarité de parents .Et nous souffrons des souffrances de la forêt comme de celle d’un « proche » ce qui troublait déjà Ronsard en sa forêt de Gâtine.

Et c’est bien à ce secret de miroir que semble nous renvoyer ce travail si brillamment prometteur.

Spinoza rappelait à Descartes que l’homme ne saurait être un empire dans un empire et la science moderne semble accréditer cette thèse d’une solidarité cellulaire entre toutes choses ; en ce sens, Estelle, dans ses découpages appliqués, joue de cette immense connivence, de cette incroyable et vertigineuse parenté, qui nous conduit d’ombres à figures dessinées à sentir cette incroyable solidarité du monde.

A la fois réseau sanguin et cartographie, ces formes évoquent donc certes des ramures, mais ce sont celles d’un curieux arbre généalogique, celui sans doute dont nous venons tous dans notre imaginaire humain,  et qui, malgré nos turpitudes, nous abrite encore lorsque les gros orages d’été du Jura, de Haute Saône, ou d’ailleurs font trembler les collines.

Alors allez, déambulez avec  courage sous les frondaisons taillées par Estelle, elles vous feront dire après notre illustre Bisontin « je ne puis regarder une feuille d’arbre sans être écrasé par l’univers » (Victor Hugo).

                                                                                                                                                                                                                                                       Laurent Laurent Devèze (mai 2010)

                                    

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Commentaires
R
It is not so much for its beauty that the forest makes a claim upon men's hearts, as for that subtle something, that quality of air that emanation from old trees, that so wonderfully changes and renews a weary spirit.  Robert Louis Stevenson
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